Toute ma vie, je me suis vanté d’être un généraliste. Pire encore, de pouvoir apprendre à tout faire, ou presque. J’ai tablé sur le sens de l’adaptation, la souplesse du touche-à-tout sans être génial, ni féru d’un domaine spécifique ou d’un savoir de niche.
Or, je découvre que le monde préfère les spécialistes. A l’écrit aussi.
Entre le polyvalent polymorphe susceptible d’empoigner tous les sujets et l’expert affuté d’une seule matière, le client penche pour celui qui connaît à fond son domaine d’activité.
Du coup, même si le marché semble plus étendu pour le généraliste, car il peut offrir ses prestations à une large palette de mandataires, il risque de finir souvent deuxième. Derrière le
spécialiste de service, il y en a toujours un, prêt à lui barrer la route à chaque occasion.
A croire que la faculté de se métamorphoser - devenir un autre, puis un autre, puis un autre…, gage de survie selon Darwin et malgré les revendications LGBT - ne peut
grand-chose face à la vigueur affirmée de l’identité – être unique jusqu’au bout. Au travail comme à l’état civil ou aux frontières du monde.