Des phrases courtes, c’est tout

Au début, j’écrivais de longues phrases. Au début de ma vie de journaliste, avant de devenir journaliste. Je prétendais dur comme fer que ce qui est complexe et compliqué ne pouvait se dire qu’avec des phrases reflétant les tours et les détours de l’existence et la confusion inextricable du monde. (Cette phrase peut être abrégée et simplifiée : je prétendais que ce qui est compliqué ne pouvait se dire qu’avec des phrases compliquées). Il fallait donc des phrases avec subordonnées, incises, parenthèses. Des phrases forcément longues. Toute autre attitude, je me disais, relèverait de la trahison à l’égard de la richesse labyrinthique des êtres et de l’univers.


Inutile de dire qu’au fil du temps, j’ai changé d’avis J’ai me suis rendu compte que quand on écrit, pour un journal surtout, on écrit pour être lu, pour des lecteurs. C’est une lapalissade, un truisme, un lieu commun, mais c’est fondamental. (Là, j’aurais pu écrire : c’est une évidence, mais c’est capital ou essentiel ou primordial; mieux encore, c’est central) Les phrases courtes (sujet, verbe et complément) se lisent mieux que les phrases longues. La syntaxe directe, concise, linéaire facilite l’accès à ce que l’on veut dire. C’est le rôle de l’écriture : faire le lien entre celui qui dit et celui qui lit. Des rédactions trop compliquées (baroques, tentaculaires, savantes) peuvent se dresser comme des barrières face aux lecteurs pressés, distraits ou ignorant tout du sujet traité.


Et puis, c’est un défi d’écrire simple ce qui semble ou se veut difficile, voire irréductible à une rédaction ramassée et digeste.