L’exercice se renouvelle au début de chaque année : compagnies, sociétés ou associations en tout genre réalisent un rapport annuel d’activité. La tâche s’apparente à une corvée ; elle
semble rébarbative, répétitive, absurde aux yeux de certains. Pourquoi compiler le recueil de ce qui s’est passé au cours de l’année avec le pressentiment que le document suscitera, au mieux, un
intérêt pressé et passager d’une poignée de braves, au pire, l’indifférence distraite de la majorité ?
Pourtant, le rapport d’activité, avec sa suite de figures imposées, offre à l’imaginaire et à la création un terrain de jeu où l’un et l’autre peuvent s’épanouir. Ou, du moins, où il vaut la
peine de défier la routine. Ce n’est pas parce que le rapport annuel souffre du sérieux qui l’habite, du poids de sa fonction institutionnelle, des travers bureaucratiques qui le plombent qu’il
ne peut aspirer à davantage de légèreté empruntant des chemins inattendus.
Transformé dans quelques cas en objets quasi artistiques qui s’exposent et se conservent précieusement, ce qui est déjà pas mal, je rêve de rapports d’activité composés tels des récits de la vie
passionnante d’une entreprise ou d’une association. Je fantasme également de rapports multimédias entre textes, dessins, vidéos, infographies. Bref, il y a des horizons à explorer, à défricher.
Afin que ce document parfois frustre, mal-aimé, bradé devienne la scène d’histoires, d’événements, de péripéties des sociétés humaines.